Petite merveille de Science-fiction tournée en 2009 qui a raflé plusieurs prix dans de nombreux festivals et qui s’inscrit à contre courant des productions actuelles à petits budgets. Je parle bien sûr de l’inclassable Moon, premier film de Duncan Jones avec le génialissime Sam Rockwell, qui hélas semble avoir payé le prix de son audace visuelle et narrative car à l’instar du film The Woods, il n’a jamais trouvé de distributeurs couillus et qui au final débarque comme une série Z de Uwe Boll en Direct-to-DVD et ça c’est la honte ! Difficile d’évoquer Moon en évitant de spoiler son histoire alors que sa plus grande force, hormis l’interprétation comme toujours monstrueuse de Sam Rockwell, tient justement dans sa structure narrative et des points de bascules brillants qui la jalonnent. Disons juste qu’il s’agit d’un huit clos futuriste dans lequel un astronaute travaillant seul dans une base lunaire va progressivement se découvrir lui-même avant d’entretenir une relation bouleversante avec son partenaire. Concept philosophique s’il en est, mais que Duncan Jones ne traite jamais sur un mode péremptoire, sachant pertinemment qu’il ne réinvente pas la roue et qu’il inscrit d’emblé son film dans le sillage du chef-d’œuvre de Kubrick, au contraire il s’applique même à introduire son concept métaphysique d’un point de vue purement sensible et humain par une mise en scène languissante presque contemplative où la routine du personnage principal installe de suite une identification émotionnelle. Et dans Moon je trouve ça vachement bien qu’on ait un robot qui ressemble au HAL 9000, qu’on ait un genre de proposition de réflexion sur l’humanité avec cette scène au début qui te parle du problème de l’énergie et ce qui s’est passé en conséquence et puis la musique est incroyable, elle te donne immédiatement une espèce de ton mélancolique qui te met bien dans l’ambiance. Une mise en scène sans bout de gras, au service d’une narration crescendo à la rythmique quasi-parfaite, où les révélations attendues sont toutes aussitôt biaisées pour faire glisser le film dans un registre différent. Sans griller la surprise, disons que Moon est une œuvre maligne qui s’appuie d’abord sur les codes de l’anticipation fantastique pour créer un suspens captivant avant de basculer dans une proposition profondément humaniste où l’évolution prime sur la métaphore, en cela son approche est plus proche de District 9, avec la même logique de nécessité car au-delà d’un univers très personnel, où Duncan Jones s’amuse de ses références tout en créant une atmosphère unique, Moon impressionne en terme de fabrication avec seulement 5 millions de dollars et la chance de pouvoir employé des techniciens brillants, au chômage technique suite à la célèbre grève des scénaristes. Duncan Jones réussi à peindre un univers crédible parfois spectaculaire, où décors et effets spéciaux, lumière et musiques sont le fruit d’une même exigence et se mêlent harmonieusement pour former un tout extrêmement ambitieux. Rares sont les premiers films qui montrent une telle maîtrise visuelle et narrative et malheureusement ce sont bien souvent ceux qui finissent dans les limbes des vidéoclubs parce que les costards cravates à la crétinerie intergalactique ne savent pas dans quelle casse les placer. On est dans un monde de cons c’est une évidence ! raison de plus d’acheter le DVD Moon qui est, malgré le destin injuste qu’il a connu, un film qui ne désespère pas de l’homme. D.Y

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